Cette main qui a pris la mienne by O'Farrell Maggie

Cette main qui a pris la mienne by O'Farrell Maggie

Auteur:O'Farrell, Maggie [O'Farrell, Maggie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman
Éditeur: Place Des Editeurs
Publié: 2011-04-06T22:00:00+00:00


On sonne à la porte avec insistance. Elina plie du linge dans la pièce d’appoint – de minuscules gilets et grenouillères, de tout petits chaussons.

« Ted ? Ted ? » appelle-t-elle.

Pas de réponse, mais on continue à sonner. Elina pose le vêtement qu’elle tenait et sort de la pièce.

En ouvrant la porte, elle voit Simmy dans l’allée. « Petite Mu5, je t’emmène. »

Elina se met à rire, elle ne peut s’en empêcher. Simmy porte un chapeau de paille et une immense chemise bariolée sur laquelle sont imprimées des chaises longues. « Tu as l’air… je ne sais pas, on dirait que tu joues dans une comédie musicale. »

Il ouvre les bras avec effusion. « Ma vie est une vraie comédie musicale. Viens, on y va.

— On y va ?

— Oui, se balader. Dépêche-toi, dépêche-toi. » Il fait sonner ses clés de voiture. « Je n’ai pas toute la journée.

— Mais… » Elina essaie de réfléchir. « Où est-ce qu’on va ?

— Se balader, je t’ai dit. Où est ton bonhomme ? À la maison ?

— Dans le jardin avec le bébé.

— Tu veux dire avec Jonah, rétorque Simmy d’un ton sévère en entrant et en se mettant à fouiller dans les vêtements pendus à la patère. Il faut se débarrasser de cette habitude de l’appeler “le bébé”. Je ne t’appelle pas “la femme”. » Il lui tend une veste et un chapeau.

Impuissante, Elina les accepte, puis descend sur la marche du bas. « Qu’est-ce que tu fabriques, Sim ?

— Tu n’emportes pas un sac ? demande-t-il en brandissant un petit sac en cuir à multiples fermetures à glissière, qu’il repose. Une de ces sacoches genre valises. Avec des trucs à l’intérieur.

— Quels trucs ? demande-t-elle pendant que Simmy continue à farfouiller dans les vêtements.

— Des trucs de bébé. Des couches et ainsi de suite. Tu sais bien. Ces monstruosités en tissu rembourré que vous n’arrêtez pas de trimballer partout. »

Elina montre le sac en toile posé près de la porte.

« Ça ? s’écrie Simmy en le tapotant du bout du pied. Tu plaisantes ! On dirait le machin dans lequel ma mère met l’avoine pour les chevaux. » Il l’ouvre. « Hum. Voyons voir. Des couches, OK. Du coton, OK. De quoi essuyer les fesses, OK. Des petits trucs blancs indéfinissables, OK. De quoi d’autre avons-nous besoin ?

— Sim, je ne peux pas…

— Des biberons. Avons-nous besoin de biberons ?

— Non. » Elle montre sa poitrine. « Je…

— Oh ! bien sûr, dit-il en fronçant le nez. Tu te donnes ce mal. Bon, dans ce cas, tu as déjà tout ce qu’il faut. Où est Ted ? Ted ! s’écrie Simmy. Allez, on y va. »

On y va, pense Elina pendant que la voiture de Simmy se faufile à toute allure dans des rues pleines de gens, d’enfants à vélo, de groupes d’adolescents, d’arbres en fleurs. C’est une de ses expressions préférées. On y va. On dirait un appel de son ancienne vie, à l’époque où elle était toujours en train d’aller quelque part, d’en revenir, ou était sur le point de le faire.



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